Un Tour en Terre de Jura, plongée dans l'inconnu !

C’est avec l’envie de balayer mes habitudes que j’avais décidé de m’aligner sur ce Trail à étapes.

Découvrir l’inconnu a constitué la motivation pour aborder cette course. Le Jura était une région que je ne connaissais pas du tout. L’UTTJ m’a donné l’occasion de l’explorer pendant 3 jours de course à pied. Le format de Trail par étapes m’attirait également. Comment le corps pouvait réagir à ce type d’effort ?

3 jours et 120 km me donnaient l’occasion de faire mes premiers pas dans le monde de l’ultra Trail.

Coureur du Nord de la France, je n’avais pas mis les pieds en montagne depuis plus d’un an. Ma préparation s’est déroulée autour de chez moi sans jamais dépasser les 160 m d’altitude, point culminant de mes terrains de jeu ! Pour affronter les 6800 m de D+ , j’ai beaucoup interrogé les trailers parisiens et des Hauts-de-France pour connaître leurs astuces, même si dans l’absolu, j’étais conscient que rien ne remplaçait un travail spécifique en montagne.

Pour cette édition 2016, les organisateurs avaient innové en proposant un prologue de 14 km en plus des 2 étapes habituelles avec départ et arrivée à Saint-Claude.

Le Prologue :

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etap1Cette petite mise en bouche n’avait rien d’effrayant à première vue et ressemblait fortement aux trails régionaux que j’avais l’habitude de courir, c’est-à-dire à bloc du début à la fin. Averti par de nombreux traileurs, sur la nécessité de courir tranquillement cette première étape au risque de voir cette charmante escapade jurassienne se transformer en véritable calvaire. Calé au milieu de peloton, j’ai calqué mon allure sur des coureurs habitués que je connaissais capables de « mettre le frein à main ». 2 belles montées, 2 belles descentes, ce prologue a l’avantage de préparer les quadriceps d’un quarantenaire venue des plaines picardes. Je n’ai pas hésité à marcher lorsque la plupart des coureurs préféraient ce mode de progression en pensant à me ménager pour les jours suivants.

Le tracé de l’UTTJ prouve que les organisateurs sont de vrais traileurs mais aussi des amoureux de leur région. Un circuit avec au début des allures de trail urbain dans Saint Claude mais qui plonge rapidement le peloton dans la forêt puis sur les hauteurs dominant la capitale de la pipe.

La ligne d’arrivée franchie, j’ai rapidement rejoint mon gîte afin de récupérer et préparer l’étape suivante. La pasta- party incontournable arrosée de Saint-Yorre fait partie du schéma classique d’après course.

J’apprends ma place sur le prologue. 13ème. C’était presque anecdotique tellement j’étais focalisé sur la suite de l’aventure. Tellement concentré sur la récupération, que je me suis empressé d’enfiler la paire de chaussettes de récupération BV SPORT.

L’UTTJ était lancé.


1ère étape : 62 KM, 3400m D+

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5h30, je suis debout et j’avale tranquillement mon petit déj d’avant trail matinal :

Classique : café, tartines confiture, banane…

Je revérifie mon matériel. Tout est ok. 6h20, je pars du gîte à pied pour rejoindre la ligne de départ située à 2km. C’est un moment spécial. Seul dans la forêt, je n’ai pas l’impression d’être sur le point de prendre le départ d’une étape de 62km… Ah si, mon dossard est là pour me le rappeler ! Sur le site de départ, le briefing vient de commencer et je reconnais Jean-Marc un traileur de l’Aisne. C'est une personne que j'apprécie. Un vrai passionné ! Organisateur de la Champ ‘Aisne, Jean-Marc m'avait vanté l'UTTJ. C'était donc un peu à cause de lui, que je me retrouvais en terre jurassienne !

Le départ donné, je laisse filer des paquets de coureurs. Surtout ne pas jouer avec le feu. Partir devant et être tenté de suivre et… aller droit dans le mur. Le circuit est magnifique, varié mais également très corsé. Les km défilent très lentement et j’ai beaucoup de mal à trouver un rythme de marche. Au premier ravito, soit au km 20, mon chrono indique presque 3h de course ! Je perds mes repères ! J’appelle mes proches pour leur donner mon heure approximative d’arrivée…   9h de course, si tout va bien... !

J’ai mis un peu de temps à passer du mode « trailer compétiteur mais qui veut terminer cette course, au mode trailer et je me fais plaisir »

Au fil des heures, je vois que la marche sera essentielle. Les temps de course seront assez limités   Je prends alors le temps de sortir la Go Pro et surtout j'en profite pour échanger avec d'autres traileurs. Je fais connaissance du groupe des « Casquetteurs », mais aussi d’un groupe de vosgiens. J’écoute leurs conseils, leur vécu… J’essaie de marcher comme eux !

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Je parle de l’émission E-Motion Trail et de mon rôle d’ambassadeur. Certains connaissent et on échange. D’autres ne connaissent pas, mais tous sont curieux et me questionnent ! « On en parle à l’arrivée ok ? »  

La montée du Crêt de Chalam est difficile et j’utilise comme je peux mes bâtons ! Le panorama au sommet offre une vue à 360 ° et l’on peut deviner les Alpes !

Plus loin sur le sentier, un cairn est édifié, pierre après pierre  posées par chaque trailer en mémoire de Jean-Louis, coureur local très apprécié disparu cette année. C’est ça aussi le Trail, une grande famille...

Je viens de passer les 7h00 de course, et les sensations sont bizarres. Les quadriceps sont en feu mais un bénévole m’encourage en m’annonçant l’arrivée dans 2h ! Je suis dans les temps mais mon manque d'entraînement à la marche se fait sentir. Au dernier ravito, je reprends mes esprits en me rappelant que je suis là avant tout pour prendre du plaisir et pas forcément pour évaluer mon état de forme par rapport à une quelconque performance.

La dernière heure de course m’a permis de courir assez souvent et de reprendre quelques coureurs. J’ai cherché à courir « souple » en pensant à la dernière étape.

Je finis assez frais même si les quadriceps ont souffert. Les longues descentes, la « casse » de fibres », ce n’était possible de les travailler à l’entraînement. Par conséquent, avoir les quadri qui sifflent ne constituait pas une surprise.

Une grosse satisfaction est venue du matériel utilisé. Les Cascadia 11 m’ont vraiment surpris au niveau de l’amorti et de la protection du pied. Mis à part les quadriceps, aucune douleur dorsale ni aux mollets ne furent à déplorer.

J’étais suffisamment frais pour préparer le rangement des bagages du gîte vers la voiture car il fallait laisser libre le logement dans la matinée du samedi. Une récupération active en quelque sorte ! Une fois la voiture chargée, j’ai pu passer à la phase récupération...passive !


2ème étape : 44km 2700m de D+

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Après une nuit difficile, le réveil l'est encore plus. En allumant le téléphone, j’apprends les événements tragiques survenus à Nice. J’avale comme je peux mon petit déj et je me dirige sur le site de départ pour les 44 derniers km de cet UTTJ 2016. La veille sur la course, les habitués avaient beaucoup parlé de cette dernière étape, sûrement plus corsée avec une plus grande densité de difficultés. Les premiers kilomètres sont délicats musculairement et je me dis que la journée va être longue. Je gère la première montée en me calant derrière l’un des vosgiens rencontrés la veille. Au premier sommet, le soleil est au rendez-vous et les jambes vont beaucoup mieux. Je me laisse aller dans une descente et je me retrouve seul dans une longue série de mono traces qui nous ramenait vers Saint Claude Après le 1er ravito, Je rejoins un groupe au pied du Mont Bayard. L’ascension a des allures d’escalade. Je me sers mieux des bâtons ! C’est le métier qui rentre. J’observe certains coureurs sans bâtons ? «  Nous préparons la Diagonale des fous et les bâtons ne sont pas autorisés … » me répondent-ils.

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La suite de la course fut un véritable régal. Revenu sur un groupe de 6 coureurs, j’ai préféré me caler sur leur allure. Parmi eux, figuraient des concurrents classés devant moi la veille. Il me semblait raisonnable de ne pas s’enflammer à 20 km de l’arrivée. Finalement, les kilomètres défilent assez vite. A 10 km de l’arrivée, je me retrouve avec un ancien triathlète de Dôle. J’essaie de suivre son rythme de marche soutenue. J’ai l’impression de suivre les pas d’un chasseur alpin ! Sur les replats, je prends de bons relais et de la vitesse. Après 3 jours de courses, j'ai pris pas mal d'assurance dans les descentes. Je prends du plaisir en me laissant aller, relâché... Je sens que l'écurie se rapproche à grands pas.

Dernière descente et c’est déjà l’arrivée à Saint Claude !

Après 16h d’efforts, je suis finisher de l’UTTJ et je prends une 24 ème place. Une expérience enrichissante pendant laquelle j’ai gardé constamment en tête mon objectif : gérer mon effort afin de profiter de l’aventure.

Des rencontres, une très belle région, une organisation sans faille… Une aventure très riche, qui ouvre de nombreuses perspectives vers le monde de l'Ultra Trail.

Je remercie Laurent Plaut pour toute son attention et sa disponibilité.

Je remercie les partenaires d’E-Motion trail qui m’ont permis de réaliser ce projet dans de très bonnes conditions

Brooks Running: Cascadia 11 - BV Sport - Isostar - Saint-Yorre.

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