L'UT4M, c'est WOUAAAHHH !!!
Après ces 4 jours passés à Grenoble et dans ses 4 massifs, le retour à la réalité est brutal !
En 2015, j'avais découvert ce qu'était un Trail de montagne en courant le 40km Vercors de l'UT4M et j'avais déjà été très impressionné par cet événement hors du commun !
Cette année, je n'avais qu'une hâte après ma participation à l'UTTJ (Un Tour en Terre de Jura, 120 km en 3 étapes) : Retrouver cette équipe de dingues de l'UT4M!
Encore une fois, j'ai pris une énorme claque ! La bonne claque ! Celle qui vous fait ouvrir les yeux, respirer à plein poumons...
L'UT4M fait ressortir la bonne humeur de tout le monde. Des rires, des sourires, de l'émotion...
A aucun moment, je n'ai entendu quelqu'un se plaindre, faire une remarque, faire la gueule...
C'était complètement hallucinant ! Je certifie que j'étais bien dans mon état normal (même si je suis le seul à avoir vu deux moines à proximité du Pic Saint Michel) !! Je ne compare pas le monde de l'UT4M au monde des bisounours, mais pendant ces 4 jours, l'équipe organisatrice a su créer une ambiance exceptionnelle !
550 bénévoles !!! Grenoble !!! 4 Massifs exceptionnels !!! Des courses sur 5 jours pour toutes les catégories de passionnés... Une machine impressionnante animée uniquement par des bénévoles passionnés et dévoués pour ces 2000 coureurs !
Ce sont dans ces moment-là, que l'on prend conscience à quel point L’Homme peut se transcender pour les autres ! Solidarité, partage, échange...
Afin de débuter mon récit de course, je voulais remercier cette équipe qui a tant donné... Bravo !
J'ai donc eu la chance de vivre cette 4ème édition de l'UT4M en tant que coureur mais également en tant qu’ambassadeur de l'émission E-Motiontrail.
L'avant course :
Après avoir récupéré mon dossard la veille de la course, j'ai pu saluer Loïc de l'équipe Alabama Production, à l'origine de l'émission E-motiontrail. L'UT4M fait partie de l'E-motiontrail Tour. C'est l'occasion de mettre en avant les partenaires comme Cross Call, Saint Yorre et I-run.
C'est toujours agréable de rencontrer les personnes avec qui on a échangé uniquement par internet.
Je retrouve de nombreuses personnes du staff de l'UT4M dont l'incontournable Valérie, responsable de la communication. Personnellement, j'ai cru la voir partout durant ces 5 jours ! Parée de sa coiffe de chef sioux, elle ne laisse aucun détail au hasard... gestion des photographes, de la presse, des partenaires... Elle paraît inépuisable. Quand allons-nous la voir au départ d'un Trail ??? Quelle énergie positive !!
La course : 40 km Vercors
Vendredi matin, 6h30 : Je pars de l'hôtel en tenue, prêt à prendre le départ du 40 km Vercors. 10 min de footing pour rejoindre le Palais de sports constitueront un petit réveil musculaire.
Sur place, je suis impressionné par le nombre de coureurs réunis en comparaison de l'édition 2015.
J'avais choisi cette course, car nous prenions le même départ que les coureurs du 160 km. C'était l'occasion de profiter de cette ambiance ultra Trail. 160Km ? C'est à la fois effrayant mais aussi attirant ! Dans la zone de départ, un nouveau contrôle du matériel est effectué et je sais alors que je partirai très loin derrière la ligne de départ. . Cette année s'ajoutent les inscrits sur le Challenge: "un jour ,un massif" ce qui explique cette densité de coureurs.
7h00 : Dans une ambiance de folie, le décompte a commencé. 5, 4, 3, 2,1, et c'est parti ! Je commence à filmer un peu, mais je m'applique surtout à remonter cette longue colonne de coureurs dans cette traversée du parc Mistral. Pendant 4/5 km, le tracé de la course emprunte les grandes artères grenobloises. La sécurité est renforcée avec le contexte actuel et nombreux sont les policiers et les militaires le long de la route.
J'entends quelqu'un m'appeler et je reconnais Claude Evrad, un solide trailer de Gauchy, presque un voisin! Il s'est inscrit sur le 160 et c'est une première pour lui. Je papote un peu puis je reprends mon rythme.
La référence Stéphane Brogniard
A ce moment précis, je ne sais pas si j'ai adopté la bonne vitesse, car je continue à doubler du monde. J'arrive à la hauteur d'un groupe compact mené par un coureur avec une tenue bleue. Après quelques hectomètres, je me demande pourquoi personne ne double ce coureur? Je décide de le dépasser pour maintenir mon rythme et là je reconnais l'emblématique vosgien Stéphane Brogniard ! Pourquoi je doublerai cette référence ? Alors je fais comme tout le monde , je suis le patron vosgien. Les premières pentes apparaissent et nous quittons bientôt la route. Je filme ce moment en si bonne compagnie. Un beau souvenir! J'en profite pour observer le recordman de la Traversée des Vosges. Autant il peut faire le bout en train en dehors de la course, autant il est hyper concentré dans l'effort ! Du coup, je n'ai pas trop osé le déconcentrer !! La montée vers Saint Nizier et le site du saut à ski des JO de Grenoble se présentent sous forme de paliers et les pentes abruptes ne sont pas trop longues. Sur ce type de secteurs, j'étais assez à l'aise même si je préférai les zones courues aux zones marchées. La montée des marches le long du tremplin est toujours un moment unique.
Au sommet, il y a le premier ravitaillement et un public nombreux. J'avais chargé la poche à eau au max. Je prends quelques TUC et je poursuis tranquillement, histoire de récupérer des xxx marches... La suite, je m'en souviens. Une petite descente, un petit replat et boum ça grimpe dans le pentu vers la Moucherotte. A ce moment, je suis en tête du classement du 40 km Vercors, mais je ne le sais pas. Devant, ce sont des coureurs du Challenge(les plus costauds se sont inscrits sur ce nouveau format). Stéphane Brogniard et d'autres spécialistes de la grimpe me laissent sur place, mais je gère ma montée. Au sommet, le panorama est grandiose, j'en profite pour filmer ,puis je range vite la Go Pro, car certains passages sont techniques et assez vertigineux pour le picard que je suis !
La blessure
La descente s'amorce vers Lans-en-Vercors et le second ravito. Le premier secteur est assez pierreux et malheureusement je me tords l'avant du pied en butant sur un rocher. La douleur est vive mais je parviens à repartir. Naturellement je me crispe. Je réussis en marchant à rejoindre une partie de la descente plus roulante. Je cours, mais la pose de pied n'est pas bonne. Les orteils sont comme anesthésiés et je tape fréquemment les pierres présentes en nombre sur le circuit. C'est le début de la galère.
Je rejoins le ravito. Je prends mon temps pour refaire le plein et je repars en gérant la douleur. Après 500 /600m, je prends conscience que j'ai oublié mes bâtons au ravitaillement !!!!
Demi-tour, je croise l'équipe de tournage d'E-motiontrail qui me prend pour un cinglé en sens inverse ! Ouf , ils ne filmaient pas la scène!!!
Un paysage à couper le souffle !
La montée du Pic Saint Michel s'offre à nous. Le cadre est grandiose ! Je souffre, mais je tiens bon. Je me mets en tête des choses qui me permettent de relativiser,de positiver. J'essaie malgré tout de profiter de cette journée. Je ne me sens plus dans la course. Je dois avancer et rejoindre la ligne d'arrivée. Je me place régulièrement sur le côté de la trace pour laisser passer les concurrents plus rapides. On s’encourage, on échange un sourire et c'est reparti. Je ne grimpe pas vite vers ce 2ème sommet et j'ai l'impression que certains randonneurs que je viens de doubler vont me reprendre ! Mais ce n'est pas grave, je réalise de la chance que j'ai d'être là! La fierté , qu'est ce c'est?
Le sommet atteint, je sais que le plus difficile pour moi arrive avec ce pied meurtri avec la descente vers Saint Paul de Varce. Mes quadriceps avaient dérouillé en 2015. Rapidement, j'alterne course et marche dès que je sens que c'est risqué. A 2 moments, je me fais peur en butant sur une pierre où je manque de me retrouver à plat ventre ou dans le décor.
Une alternative, imiter le Saint Bernard.
Je m'arrête une première fois auprès d'un coureur qui n'était plus lucide, assis sur une souche. Rassuré à moitié sur son état, je repars puis je rattrape un jeune coureur blessé à la cheville. Je l'accompagne une dizaine de minutes pour le soutenir moralement. Pas grand-chose d'autre à faire. A lui de rallier le prochain point de contrôle ou d'appeler les secours.
Je profite des ruisseaux pour me rafraîchir... L'avantage de connaître le circuit permet d'anticiper ces petits moments de bonheur et de progresser.
A Saint Paul de Varce, se situe le dernier ravitaillement près de la fontaine. Une partie du Team Saint Yorre de Magalie Lefèvre est là ! Leur soutien est le bienvenu. Je n'ai qu'un but : Terminer dans un état acceptable !!! Il reste alors peu de kilomètres mais je sais que la dernière difficulté est sévère. Je vais marcher toute la montée vers le Pieu. Cette partie est ombragée, c'est déjà ça!!! Mais je suis usé à force de repousser la douleur depuis un bon moment déjà. Je m'accroche en encourageant les trailers qui me doublent.
Une arrivée pas commune
Au sommet, je m'arrête et je préviens mes proches par téléphone. Je suis un peu en retard!!! Je sais que mon temps sera supérieur d'1h30 par rapport à 2015... En remettant mon sac sur le dos, Claude Evrad du 160 km m'encourage à le suivre. Quelle drôle de course ! On avait discuté 5h30 avant !! On échange sur la course, de ses craintes, de sa femme (qui sera finisher du 100 km) de son club que je connais bien...
Et c'est dans cet état d'esprit que je franchirai la ligne à Vif en 6h10 ! Pas déçu, pas glorieux mais ayant profité de l'aventure malgré tout !
Sur le chemin du retour vers Grenoble, j'apprends simultanément dans la voiture mon classement scratch (7ème) et la médaille de bronze de Christophe Lemaitre sur 200m à Rio ! Et bien j'étais plus ému par la 2ème nouvelle ! Trop content pour le TGV de Culoz! 7ème au scratch, cela n'était pas possible vu le chrono. A l'hôtel, je vérifie ce classement qui s'avérait vrai, mais j’apprenais aussi que je venais de manquer le podium des masters... Je venais de laisser vide la place de 2ème sur le podium !!! Honte à moi !
Au bilan, je suis très satisfait de cette nouvelle aventure proposée par l'UT4M. C'est une épreuve que je conseille à tous. Il n’y a rien à redire... Tout est parfaitement rôdé et pourtant, nous avons face à nous des bénévoles qui agissent en vrais pros. 550 bénévoles motivés comme jamais ! C'est impressionnant. Je n'avais jamais vu autant de coureurs remercier les bénévoles présents sur le circuit, aux ravitos... Mais Ils le méritent amplement.
Je serai présent en 2017 sur l'UT4M si tout va bien sur le format Challenge, "un jour, un massif."
Bravo encore ! Continuer à entretenir cette magie !